UNIVERSITE CHEIKH ANTA
DIOP DE DAKAR
Le chemin de croix des nouveaux
bacheliers
Entre
les problèmes de logement, de transport, d’orientation la vie des nouveaux
bacheliers originaires des régions à
l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar rassemble parfois à un saut d’obstacles.
Le rêve peut vite tourner au cauchemar.
Il est neuf heures
tapantes. Une ambiance de rentrée règne
sur l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Pourtant, les examens de la
deuxième session ne sont pas encore terminés
dans certaines facultés. Malgré le fait
que l’année universitaire 2011/2012 continuer à jouer des prolongations
interminables, les étudiants anciens comme nouveaux sont entrain de sacrifier
aux modalités d’inscriptions et de réinscription en cette fin du mois de
février, alors que le deuxième semestre est censé débuter dans quelques jours.
Comme les autres
années, l’Ucad souffre de nombreux maux
qui ont pour nom : sureffectif, manque d’infrastructures pédagogiques et d’hébergement, violences et la liste n’est
pas exhaustive. Malgré cela, la plupart
des nouveaux bacheliers originaires de
Dakar comme des régions veulent y être orientés,
parfois au prix de mille difficultés. Un rêve d’enfants qui se réalise. Mais,
il peut vite tourner cauchemar. Surtout lorsque
pour ces derniers, se déplacer à Dakar, tout comme à l’Université cheikh Anta Diop a des allures
d’un parcours du combattant.
Nous entrons à la faculté des lettres et sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar par « le couloir de la mort » bordé
de part et d’autres de boutiques de fortune qui ont fini par le transformer en un marché Sandaga bis avec
en moins le bruit assourdissant des véhicules. Certains de ces commerçants ont arrivés
après avoir été expulsés du campus
Social. En chemin, nous dépassons des centaines d’étudiants qui d’un pas pressé
tente de rejoindre leurs facultés.
Un léger vent frisquet balaie
le grand hall situé au rez-de-chaussée
de la faculté des lettres. Il est séparé par un grand escalier qui marque la frontière entre le département d’anglais de celui lettres modernes. L’endroit grouille de
monde. De part et d’autres, par petits
groupes les étudiants discutent. Les
bruits des pas, les voix se mêlent aux éclats de rires entre copains formant
un vacarme assourdissant.
Les murs de la faculté
des lettres couverts d’affiches de toute sorte,
renseignent que cela fait longtemps qu’ils n’ont pas reçu de coup de
peinture. Sur ces murs la guerre des affiches fait rage. « L’amicale … souhaite la bienvenue à ses nouveaux
bacheliers », tel est le genre de message que l’on peut lire sur la plupart des
affiches.
Dans ce décor, un
portrait isolé, le seul, du reste, dans ce grand espace balayé par des vents attire l’attention de celui qui débarque pour la
première fois à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université
Cheikh Anta Diop de Dakar. Il s’agit d’une photographie, en noir et blanc,
celui de : Malcolm X sur lequel il est écrit : « The future belongs to those who prepare it today » (l’avenir
appartient à ceux qui le prépare maintenant). « Les orientations des
nouveaux bacheliers sont-elles sorties ? », demande une voix
féminine. « oui », répond
un des nombreux étudiants agglutinés sur
le grand tableau d’affichage du département de lettres modernes.
Même s’ils ne sont pas
reconnaissables de prime abord, l’on devine avec les incessantes questions
qu’ils n’arrêtent pas de poser
qu’ils sont de nouveaux bacheliers. Ils
sont souvent perdus lorsqu’ils débarquent à l’université de Dakar aussi peuplée
qui ploient sous le poids des effectifs pléthoriques. A 23ans juste, Lamine
Dièdhiou à quitté son Diègoune natal, dans la région de Ziguinchor pour Dakar.
Ayant le privilège d’être orienté sur la première liste du fait de ses bonnes notes, Il a du passer
par un saut d’obstacles avant de se faire héberger « provisoirement » par un «grand frère ». «C’est
difficile pour quelqu’un comme moi qui n’a pas de parents proches à Dakar. A mon
arrivé, au début du mois d’octobre, j’ai été chez un oncle aux Parcelles
assainies. Je payais le transport venir à l’université avec l’argent que
m’envoient mes parents. L’amicale des étudiants originaires de Diègoune fait un geste de solidarité envers les nouveaux,
c’est ainsi que j’ai été hébergé par un ainé », raconte-t-il.
Lamine Diédhiou est loin d’être un cas isolé.
D’autres nouveaux bacheliers vivent des situations similaires. S’ils ne
rencontrent pas des problèmes de logement, ils sont confrontés à des difficultés
de transport, d’orientation ou de restauration. « Pour moi, le problème principal c’est la restauration. Elle laisse
à désirer. Et j’ai du mal à m’adapter »,confie Lat Demba Faye un
étudiant venu de Poukham, dans la région de Fatick.
Avec son corps frêle et sa petite taille,
Diama Guèye donne l’impression d’une collégienne. A dix-huit ans sonnés, elle a
pourtant bien réussie le baccalauréat.
Ce matin, elle était venue scruter si elle est sur la liste des nouveaux bacheliers orientés. Malheureusement,
elle devra prendre son mal en patience, puisque son nom ne figure pas sur la première
liste d’un peu plus de neuf cent personnes autorisées à s’inscrire en Licence 1
(L1) de lettres modernes comme on dit, depuis l’entrée en vigueur de la réforme
Lmd. Mais attendant, cette dernière qui a posé ses baluchons dans la
lointaine banlieue dakaroise, Keur
Massar vit des heures difficiles notamment avec le transport. «Ce qui est difficile, c’est le fait de se
lever à cinq heures du matin. Parfois, j’emprunte la ligne 71 qui vient
directement à l’université ou les Ndiaga Ndiaye. L’aller et le retour me
coute prés de sept cent francs, sans compter
la restauration », souligne-t-elle. Philosophe, elle déclare
qu’ «il faut souffrir avant de
sourire dans la vie ».
Mamadou
SARR
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire