mardi 23 avril 2013

LES BLEUS A L'UCAD


UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR

Le chemin de croix des nouveaux bacheliers   

Entre les problèmes de logement, de transport, d’orientation la vie des nouveaux bacheliers originaires des régions  à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar rassemble parfois à un saut d’obstacles. Le rêve peut vite tourner au cauchemar.

Il est neuf heures tapantes. Une ambiance de rentrée  règne sur l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Pourtant, les examens de la deuxième session  ne sont pas encore terminés dans certaines facultés.   Malgré le fait que l’année universitaire 2011/2012 continuer à jouer des prolongations interminables, les étudiants anciens comme nouveaux sont entrain de sacrifier aux modalités d’inscriptions et de réinscription en cette fin du mois de février, alors que le deuxième semestre est censé débuter dans quelques jours.

Comme les autres années, l’Ucad  souffre de nombreux maux qui ont pour nom : sureffectif, manque d’infrastructures  pédagogiques  et d’hébergement, violences et la liste n’est pas exhaustive.  Malgré cela, la plupart des  nouveaux bacheliers originaires de Dakar comme des régions  veulent y être orientés, parfois au prix de mille difficultés. Un rêve d’enfants qui se réalise. Mais, il peut vite tourner cauchemar. Surtout lorsque  pour ces derniers,  se déplacer  à Dakar, tout comme  à l’Université cheikh Anta Diop a des allures d’un parcours du combattant.

 Nous entrons  à la faculté des lettres et sciences humaines  de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar par « le couloir de la mort » bordé de part et d’autres de boutiques de fortune qui ont fini par  le transformer en un marché Sandaga bis avec en moins le bruit assourdissant des véhicules.  Certains de ces commerçants  ont arrivés  après avoir  été expulsés du  campus  Social. En chemin, nous dépassons  des centaines d’étudiants qui d’un pas pressé tente de rejoindre leurs facultés. 

Un léger vent frisquet balaie le grand hall situé au rez-de-chaussée  de la faculté des lettres. Il est séparé par un grand escalier qui  marque la frontière entre  le département d’anglais de celui  lettres modernes. L’endroit grouille de monde.  De part et d’autres, par petits groupes les étudiants discutent.  Les bruits des pas, les voix se mêlent aux éclats de rires entre copains  formant  un vacarme assourdissant.

Les murs de la faculté des lettres couverts d’affiches de toute sorte,  renseignent que cela fait longtemps qu’ils n’ont pas reçu de coup de peinture. Sur ces murs la guerre des affiches fait rage. « L’amicale … souhaite la bienvenue à ses nouveaux bacheliers », tel est le genre de message  que l’on peut lire sur la plupart des affiches.

Dans ce décor, un portrait isolé, le seul, du reste, dans ce grand espace balayé par des vents   attire  l’attention de celui qui débarque pour la première fois à la faculté des lettres et sciences humaines de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il s’agit d’une photographie, en noir et blanc, celui de : Malcolm X sur lequel il est écrit : « The future belongs  to those  who prepare it today » (l’avenir appartient à ceux qui le prépare maintenant). « Les orientations  des nouveaux bacheliers sont-elles sorties ? », demande une voix féminine. « oui », répond un des nombreux étudiants agglutinés  sur le grand tableau d’affichage du département de lettres modernes.

Même s’ils ne sont pas reconnaissables de prime abord, l’on devine avec les incessantes questions qu’ils n’arrêtent pas de  poser qu’ils  sont de nouveaux bacheliers. Ils sont souvent perdus lorsqu’ils débarquent à l’université de Dakar aussi peuplée qui ploient sous le poids des effectifs pléthoriques. A 23ans juste, Lamine Dièdhiou à quitté son Diègoune natal, dans la région de Ziguinchor pour Dakar. Ayant le privilège d’être orienté sur la première liste  du fait de ses bonnes notes, Il a du passer par un saut d’obstacles avant de se faire héberger « provisoirement » par un «grand frère ». «C’est difficile pour quelqu’un comme moi qui n’a pas de parents proches à Dakar. A mon arrivé, au début du mois d’octobre, j’ai été chez un oncle aux Parcelles assainies. Je payais le transport venir à l’université avec l’argent que m’envoient mes parents. L’amicale des étudiants originaires de Diègoune  fait un geste de solidarité envers les nouveaux, c’est ainsi que j’ai été hébergé par un ainé », raconte-t-il.

 Lamine Diédhiou est loin d’être un cas isolé. D’autres nouveaux bacheliers vivent des situations similaires. S’ils ne rencontrent pas des problèmes de logement, ils sont confrontés à des difficultés de transport, d’orientation ou de restauration. « Pour moi, le problème principal c’est la restauration. Elle laisse à désirer. Et j’ai du mal à m’adapter »,confie Lat Demba Faye un étudiant venu de Poukham, dans la région de Fatick.

 Avec son corps frêle et sa petite taille, Diama Guèye donne l’impression d’une collégienne. A dix-huit ans sonnés, elle a  pourtant bien réussie le baccalauréat. Ce matin, elle était venue scruter si elle est sur la liste des  nouveaux bacheliers orientés. Malheureusement, elle devra prendre son mal en  patience,  puisque son nom ne figure pas sur la première liste d’un peu plus de neuf cent personnes autorisées à s’inscrire en Licence 1 (L1) de lettres modernes comme on dit, depuis l’entrée en vigueur de la réforme Lmd. Mais attendant, cette dernière qui a posé ses baluchons dans la lointaine  banlieue dakaroise, Keur Massar vit des heures difficiles notamment avec le transport. «Ce qui est difficile, c’est le fait de se lever à cinq heures du matin. Parfois, j’emprunte la ligne 71 qui vient directement à l’université ou les Ndiaga Ndiaye. L’aller et le retour me coute prés de sept cent francs, sans compter  la restauration », souligne-t-elle. Philosophe, elle déclare qu’ «il faut souffrir avant de sourire dans la vie ». 

Mamadou SARR

 

 

        

 

 

 

                                                                             

 

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