mardi 23 avril 2013

ENTRETIEN AVEC THIENA COULIBALY, MINISTRE MALIEN DE l'ECONOMIE


THIEMA IBRAHIMA COULIBALY, MINISTRE MALIEN DE L’ECONOMIE, DES FINANCES ET DE LA COOPERATION

« Le coup d’Etat, nous a fait  perdre 500 milliards dans le budget 2013 »

En ce temps de crise, au Mali Thiéma Ibrahima Coulibaly tient bon la gouvernail de l’économie de son pays comme un général au front. De passage à Dakar, dans le cadre de la réunion des ministres de l’Economie et des finances de la zone franc, l’argentier de l’Etat malien qui a fait revenir les bailleurs de fonds dont la suspension de l’aide au développement a fait perdre 500 milliards dans le budget 2013 ,parle de la crise malienne et de ses conséquences sur l’économie.

 La Gazette : Quel est le coup de la guerre au Mali ?

THIEMA Ibrahima Coulibaly : C’est une question difficile parce que les militaires n’aiment pas que l’on dise les dépenses effectuées pour la guerre. D’autant plus que les militaires veulent garder leurs affaires secrètes, il est difficile de dire le coup de la guerre.  Les évènements ont débuté en 2012 et en ce moment-là, le budget 2012 avait été déjà adopté. Mais, le président Amadou Toumani Touré en son temps avait vu venir des choses graves ainsi en plus du budget normal adopté en temps de paix, il avait décidé d’ajouter des ressources  additionnelles. Et donc, plusieurs dizaines de milliards avaient été augmenté au budget du ministère de la défense par mon prédécesseur. En 2013, au moment où on adoptait le budget, il s’est trouvé que les Nations unies avaient déjà adopté la Résolution 2085 par laquelle une intervention a eu lieu au Mali. Il se trouvait que du coté de la Cedeao et de l’Union africaine  l’idée d’un appui à l’Armée malienne pour combattre les terroristes avait été adoptée. Mais, au Mali, nous nous sommes toujours dit que quelque soit  l’aide que nous  recevons de l’étranger, le plus important c’est ce que nous apportons à nous-mêmes. Dans la conception du budget 2013, nous avons dit que quelques soient les appuis extérieurs, l’Armée malienne sera en première ligne pour que ce qui a été remarquée en 2012 avec la débandade et qui nous a montré que nous avions une armée mal formée, sous équipée et démotivée ne nous arrive plus. Il fallait prendre les devants pour lutter contre ces trois maux. C’est pourquoi, en plus du budget normal 2013, nous avons prévu d’importantes ressources  pour justement répondre à ces trois préoccupations, car il reste entendu pour les Maliens que les aides extérieures ne nous dispensent pas d’avoir notre armée en première ligne. Je voudrais souligner, au passage, qu’en 2012, lorsque le gouvernement de transition a été formé, après le coup d’Etat, amenant tous les partenaires à suspendre leurs participations, cela s’est traduit par d’importantes pertes pour le budget de l’Etat. Nous avons perdu 500 milliards  dans le budget. J’ai été obligé de ponctionner les budgets des différents ministères pour prendre en compte ces dépenses énormes. Mais, je n’ai pas touché un franc du ministère de la défense et de la sécurité.  Ce sont les principes.

Quel est l’impact de la guerre auprès des populations ?

 Ce n’est pas seulement l’impact de la guerre, mais c’est celui de la crise de manière globale.  Nous avons perdu en plus des 500 milliards d’appui budgétaire, nous avons perdu la confiance des bailleurs de fonds. Le privé n’investit plus. On a été obligé après de suspendre tous les grands projets. Cela veut donc dire que la crise a  fait que personne ne vient plus au Mali, le tourisme s’est arrêté, tous les chantiers ont été arrêté, c'est-à-dire le Btp. Cela déteint sur l’emploi. Car, le Btp est porteur de croissance.  Si l’on regarde les pertes engendrées par  le tourisme dans le produit intérieur brut, c’est plus 30 à 40%. Nous avions considéré globalement que la récession  serait de 3% pour l’année 2012, dans les prévisions initiales.  Et notre prévision de croissance pour l’année 2012 serait de 5%. Ce qui nous fait une baisse de 8%. Evidemment, nos évaluations premières ont pessimistes. Et la campagne agricole a été bonne, en 2012  ce qui fait qui a permis  de réduire le taux de récession de 3 à 1,2%. On peut cas meme dire que nous avons perdu, 6, 2 points par rapport à nos prévisions de croissance.  En fait du fait que la campagne agricole 2012-2013 a été  bonne,  nous avons fait un bon extraordinaire. Entre mars 2012 et mars 2013, les partenaires au développement sont revenus à la faveur du gouvernement de transition. Et les partenaires au développement ont considéré que sur le plan de l’économie, le seul maitre à bord, c’est le ministre de l’Economie, des finances et du budget.  Ce qui a permis la confiance des partenaires et des banques.

L’organisation d’élections en 2013 va-t-elle être la sortie de crise au Mali ?

L’organisation des élections fait partie de nos ambitions, nous-mêmes. Lorsque le coup d’Etat est intervenu, soulevant la réprobation de la communauté internationale, l’une des missions du gouvernement de transition était d’organiser des élections pour ramener le pays dans le giron des nations avec des dirigeants élus. Le Conseil de sécurité de l’Onu  a dressé une feuille de route pour le gouvernement de transition dont les deux principales taches étaient la reconquête du Nord et l’organisation d’élections crédibles. Parallèlement, il y a d’autres actions très importantes comme la relance de l’économie. Voilà pourquoi, les partenaires ont décidé de nous accorder le bénéfice du doute et de nous appuyer pour l’organisation des élections. Il est prévu que les élections vont couter 50 milliards alors que dans le budget 2013, il n’est inscrit que 25 milliards de francs cfa dans le budget 2013 et les partenaires du Mali vont payer l’autre moitié. L’Union européenne va nous appuyer sur deux à hauteur de 250 millions d’Euro, mais cette aide budgétaire est assujettie à l’organisation d’élections. Nous croyons à l’organisation d’élections au mois de juillet, même s’il y a beaucoup de disposition à prendre parmi lesquelles, la recherche de moyens financiers est la plus facile. Le plus important, c’est de mettre les communautés maliennes bout à bout et de les réconcilier. A ce sujet, le gouvernement de transition a décidé de mettre en place une commission vérité réconciliation dont la mission est de faire en sorte que les communautés du Nord et du Sud se reparlent dans la confiance. Le président et les deux vice-présidents de la commission ont été nommés avant mon arrivée à Dakar. Et vingt autres commissaires devaient être nommés dans les prochains jours. Il y a des décisions à prendre  comme comment faire voter ceux qui ne sont pas chez eux ou exilés à l’extérieur, il y a des discussions sur ces cas. Mais, nous sommes confiants qu’avec l’élan de la communauté internationale on y arrivera pour que l’élection puisse faite au mois de juillet.

A quand la fin de la guerre, alors que la France annonce le retrait progressif de ces troupes ?

La France annonce son retrait, mais au même moment on nous apprend qu’au moins mille cinq cent soldats vont rester au Mali après le départ des autres pour appuyer la Misma dans sa nouvelle mission. A notre avis, il n’y a pas d’inquiétude majeure. Les français, nous ont assuré qu’en dehors des mille cinq cent soldats qui vont rester de manière permanente, ils pourraient intervenir en cas de  d’inquiétudes majeures dans l’extrême Nord où l’Armée française et l’Armée tchadienne sont de procéder aux dernières fouilles pour débusquer les derniers terroristes.  Pendant ce temps là, au Sud ont assiste aux derniers barreaux d’honneur des terroristes. Je pense que ces attentats sont les derniers même, le zéro risque n’existe pas. Je sincèrement que la fin de la guerre est proche.

Comment appréciez-vous l’implication des soldats Sénégalais aux cotés des Maliens ?

Les soldats Sénégalais sont basés dans la région de Banamba. Ils sont très appréciés par les populations. Ils font des patrouilles dans la zone. Ce qui a permis de les rassurer. En plus, il y a de très bonnes relations entre les populations et les soldats.

Propos recueillis par Mamadou SARR

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