mardi 23 avril 2013

ENTRETIEN AVEC LE PR AMADOU LAMINE NDIAYE, PRESIDENT DE L'ANSTS


INTERVIEW

 Qui est Hamadou Lamine NDIAYE ?

Le professeur Hamadou Lamine NDIAYE est un citoyen Sénégalais originaire d’une ile qui fait actuellement l’actualité, puisqu’il s’agit de l’Ile de Doune Baba Dieye dont je suis originaire et j’ai passé mon enfance dans cet Ile et puis ensuite au moment de la scolarisation, j’ai été envoyé à Saint Louis prés de parents pour mes études primaires. J’ouvre ici une petite parenthèse que je raconte toujours avec fierté pour dire que à l’école Victor Du Val j'ai eu feu Kéba MBAYE comme maitre au CME et je faisais parti non je ne faisait pas parti j’étais celui qui l’avait sélectionné pour amener les cahiers chez lui par ce qu’il venait de Kaolack, il avait loué un lieu d’habitation et c’est moi qui portait les cahiers labà, Alors, pour viens vous montrer l’évolution de la mentalité dans nos sociétés. Un jour Kéba est sorti à la télévision et nous étions entrain de diner en famille ; et j’ai dit à mes enfants Ha voici mon maître et m’a la CM1, c’est moi qui portais les cahiers, c’est moi qui balayais sa chambre et mon dernier fils a sauter pour me dire Papa tu es fier parce que tu a balayé la chambre de quelqu’un (rire). Alors je lui es dit tu ne peux pas comprendre parce que toi tu balayeras jamais la chambre de quelqu’un par ce que pour faire ça il faut être humble et il faut être un excellent élève alors je ferme la parenthèse.

Ensuite après le baccalauréat j’ai été sélectionné parmi les boursiers qui devaient poursuivre en France. Et j’ai été inscrit en année préparatoire à l’entrée aux écoles nationales françaises. J’ai eu la chance de réussir au premier coup à ce concours d’entrée. Et j’ai fait ma scolarité à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lion de 1958-1962. Après quoi j’ai fait en 1963 une de spécialisation à l’Institut Agronomique de Paris et parallèlement à l’Institut d’Elevage de médecine vétérinaire des Pays Tropicaux. J’ai terminé cette année de spécialisation en même temps que j’ai soutenu ma thèse le tout en fin Aout et vers la  mis Septembre je recevais mon premier poste d’affectation au centre de Recherche Zoo-Technique de Darra, ou je suis réstais jusqu’en 1967. Année ou l’ouverture de l’enseignement vétérinaire africain a été décidé. Et j’ai postulé et j’ai été recruté et envoyé en France pour préparer le concours de maître-assistant et puis ensuite le concours d’agrégation à cheval entre Dakar et la France.

J’ai vu que vous avez une agrégation

J’ai eu l’agrégation en Juin 1974 ensuite j’ai été nommé Directeur de l’Ecole Vétérinaire de Dakar en 1976

Ce sont les Etas qui vous ont nommé ?

C’est le conseil des ministres qui m’a nommé là aussi je pourrai vous raconter une anecdote qui témoigne de mes relations avec SENGHOR .il m a beaucoup aide et lorsque j’ai réussi à l agrégation  je suis allé le remercier parce qu’ il avait décidé que je parte avec toute ma famille  pour tranquille, il m a demande qu’ est que je peux faire pour vous ; je lui ais demandé de m aidé sur deux choses ; j’ ai très peu séjourner au Sénégal et je voudrais que vous m’aidiez a acquérir une maison ; deuxièmement et c’est le plus important ; je voudrais que vous m’aidiez pour qu’on ne nomme rapidement pas directeur de l’Ecole vétérinaire de Dakar. Parce que je suis un scientifique ; je souhaite monter une équipe  de recherche et continuer mes travaux. Il  a bondit de sa chaise et m’a dit cela me fait plaisir. Cela me rappelle lorsque j’ai réussi mon agrégation et qu’on a voulu me nommer inspecteur pour toute l’Aof et moi-même j’avais refusé en disant que je voulais exercer mon métier d’abord.

J’ai fait vingt et un ans à l’Ecole vétérinaire de Dakar. De 1967 a  1988. Cette même année Abdou Diouf m’a appelé pour faire de moi son conseiller personnel jusqu’en1990. Et lorsque la décision a été prise de créer l’université ; il m’a nomme recteur de l’université de St Louis ; en janvier 1990 sans même me demander mon avis. Une semaine après ; il a nommé l’équipe qui devait m’accompagner ; composée de quatre directeurs d’Ufr et du secrétaire général. Nous avons travaillé à la préparation de l’ouverture de l’université de St Louis ; de janvier à octobre. Presque un an alors que nous héritions d’un site ou existait déjà des infrastructures ; puisque  la première de l’université de st louis a été posé en 1974 par Senghor en présence Maryen Gouaby qui était en visite ici. Mais l’idée était de transférer une partie de la faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Dakar à St Louis. Cela n’a pu se faire pour plusieurs raisons et les bâtiments ont été abandonnés jusqu’en 1990 . il fallait terminer les bâtiments alors qu’on ouvrait avec quatre Ufr. Don il y avait un embryon de site pédagogique et un embryon de site social. Il fallait piloter tout cela ainsi des programmes pédagogiques des étudiants qu’on allait accueillir. Je suis resté jusqu’en 1999 et le président Diouf m’a nommé ; ministre conseiller spécial. Je suis resté à ce poste jusqu’en alternance de 2000 et je me suis mis à la disposition de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar dont je faisait partie du personnel avant ma retraite en 2005.mais qui encore plus actif que lorsqu’il était aux responsabilités .

Auparavant, en 1999 ; on a créé l’Académie nationale des sciences et dés le départ j’ai été nommé à la section des sciences agricoles ; l’une des trois sections qui existaient à l’époque. C’est en janvier 2011 ; que j’ai été nommé président de l’Académie après la disparition de notre président fondateur, le Pr Souleymane Niang.une semaine après mon élection à l’académie nationale des sciences j’ai été élu, président de l’académie mie africaines des sciences. Devenant ainsi le troisième président de cette académie créée en 1985.

Quelles est  l’historique ?

Ce sont un certain nombre de collègues ; membres d’académies à l’étranger qui ont pris l »initiative de créer une académie. Il y ‘ avait ; le Pr Iba Mar Diop, le recteur Souleymane Niang, Pr René Ndoye et moi-même qui venait d’être admis à l’académie africaine des sciences et membre de l’académie des sciences du tiers monde. Et  pour élargir la base , on a demandé à nos collègues lauréats du grand prix du chef de l’Etat d’être membres. Ensuite on a associé des collègues qui étaient, directeurs d’institution de recherche comme les doyens de certaines facultés. C’est ce noyau qui a élaboré les statuts avec le soutien du ministre de la recherche d’alors qui était Balla Moussa Daffé.

Que fait l’Académie nationale des sciences ?

La mission de cette académie ; c’est de contribuer au développement d’une culture scientifique dans notre société avec toutes implications que cela impose. L’académie réfléchit également à l »élaboration d’une politique de recherche et la divulgation des résultats et à leur exploitation. L’académie cherche impliquer davantage les jeunes et les femmes. Tout ceci, nous le faisons en servant de conseiller aux pouvoirs publics, au secteur privé et à la société civile. Donc se sont pour résumer des hommes de sciences qui ont eu à exercer des responsabilités dans ce secteur, mais qui ont eu à faire également leur preuve dans leur domaine respectif qui ont décidé de mettre tout leur savoir, bénévolement au service de la recherche pour aider  le pays à se développer.

L’organisation du grand prix du président de la république pour les sciences est notre activité phare. Mais nous avons d’autres activités à travers notre programme d’activité et le partenariat que nous voulons mener. Nous avons fait faire une étude dans le domaine de la recherche qui se faisait au Sénégal. Cette étude a montré que la recherche était cloisonnée. Il y a les recherches qui sont menées par dans les facultés et instituts, celles qui sont menées par les partenaires, mais il y a pas de coopération et de synergie entre ses différentes activités de recherche.  Nous fédérer toute cette recherche. Dans la mesure ou nous voulons nous inspirer du modèle français ou l’académie n’a pas de laboratoires contrairement dans les pays soviétique ou l’académie est plus importante même que le ministère de la recherche. C’est le cas de  la chine et de la Russie ou les académies ont des universités, des centres de recherche etc.

Nous décidé aussi à l’issue de notre assemblée générale tenue en janvier 2012 de restructurer notre activité. Car jusqu’ ici nous avons mené  nos activités en organisant des conférences sur des thèmes d’actualité. Désormais nous coopérer avec les structures de recherche sur des thématiques qui touchent les préoccupations comme les inondations ; l’enseignement des sciences.

Ensuite dans le cadre de cette nécessaire coopération et dialogue entre les structures de recherche, nous  avons avec l’ancien ministre Amadou Tidiane Ba créée un cadre de concertation sur la recherche agrosylvopastorale. Ce cadre existe depuis l’année dernière. Il est composé de onze institutions de recherche  et d’universités travaillant  le secteur agricole. Lors de la première année d’existence, nous avons identifié les ressources humaines qui existent , les programmes en cours pour voir comment organiser ces synergies. Ensuite,  nous nous sommes rendus compte qu’il fallait communiquer plus et mieux. On veut sensibiliser sur la spécificité de la communication sur la recherche scientifique. Nous retenu cette année de faire bénéficier au réseau de journalistes en sciences d’un cour de formation ; ensuite a nous allons former les jeunes chercheurs aux techniques de rédaction de projets en vue d’obtenir des financements.

Quel est le  bilan de l’académie nationale des sciences après une décennie d’existence ?

Nous avons fait avancer la science par l’organisation et la définition d’une politique nationale de recherche.  Ce qui est réconfortant ; c’est nous conseillons les pouvoirs publics. L’ancien premier ministre nous avait demandé lors d’une audience de réfléchir sur la récupération des terres salées. Les recommandations sont là mais elles ne sont pas exploitées. Il y a aussi une réflexion sur la politique agricole. En un mot nous sommes une sorte de thing think qui mettons en œuvre une réflexion  et dont la mise en œuvre appartient au gouvernement.

A votre avis pourquoi les résultats de la recherche ne sont pas valorisés ?

Le président Wade était même très remonté contre l’Isra parce qu’il nétait informer du travail colossal qu’il était entrain de réaliser. Les résultats obtenus n’étaient pas divulgués ; notamment qui ont été mis au point au point et qui ont et qui ont permis de passer les années de sécheresse.et  il fallu qu’il aille à l’isra lors d’une journée portes ouvertes pour ne plus tarir d’éloges sur lui. L’ Ita également fait de grandes recherches puisque qu’il a été reconnu comme une unité opérationnelle de l’université des Nations Unies. Et ces unités il y a que cinq sur le continent ; au Sénégal sur la technologie alimentaire ; en Cote d’ivoire sur les problèmes agricoles ; au Cameroun sur l’utilisation des nouvelles technologies ; en Zambie sur les ressources minières et en Namibie sur les ressources maritimes. Donc ; le potentiel de recherche est là. C’est reconnu ; mais nous n’arrivons pas à faire le  le lien entre la recherche et les acteurs de développement ; notamment le secteur privé. Dans le cadre de la réflexion que nous menons sur la recherche scientifique et technique ; nous allons aborder cette question. Parce qu’il y a des cadres sénégalais de haut qui se sont constitués en association des amis de l’académie et qui est présidé par l’ancien ministre Ousmane Seck ; ancien ministre de l’Economie et ancien directeur de la Banque islamique de développement. Ces cadres là ont décidé de se mobiliser pour le développement d’une recherche plus pertinente et mieux financée.  Cette association travaille avec nous sur ces questions là. Mais si cela a pu se faire c’est que l’académie a joué le rôle d’aiguillon. L’académie va réfléchir encore au moment de l’élaboration comment les résultats seront utilisés par les potentiels utilisateurs. Et pour se faire il faut que les chercheurs travaillent davantage avec ceux qui sont susceptibles d’utiliser les résultats de la recherche.il faut un maillon entre la recherche et les utilisateurs. Actuellement l’ita joue bien ce rôle ; il fait des recherches et les valorise ; mais ce n’est pas du tout sa vocation. C’et le privé qui doit le faire. Il faut que le privé accepte de s’investir et de prendre des risques en matière de recherche. L’académie s’y emploie progressivement même si c’est difficile de faire bouger les choses dans ce domaine là.

Quels sont les rapports que l’académie entretien mis la mais à la patte ; qui ont fait de la recherche avec les universités ?

Si vous regardez bien la plupart des membres de l’académie viennent de l’université ou des instituts de recherche. Mais ce qui les différencie ; c’est qu’ a l’académie on trouve beaucoup de gens qui    ont  fait de la recherche et qui veulent mieux encadrer les jeunes maintenant. Tout cela ; est dans le bénévolat ; pour l’amour de leur métier. La preuve ; moi-même je continuer d’encadrer des thèses à l’école vétérinaire à la surprise générale de mes collègues qui me demande de décrocher. Mais comme nous l’a recommandé un jour Amadou Mactar Mbow lors d’un atelier qu’ils  nous avait animer à l’académie ; il faut éviter la mort intellectuelle. C’estpire que la mort physique.

On dit souvent que la recherche n’est pas bien financée au Sénégal. Quand est-il réellement ?        

Ceux qui le disent ; on en grande partie raison parce qu’elle est couteuse. Et ensuite les résultats ne sont pas immédiats. Ce qui fait que les pouvoirs publics qui sont à beaucoup une de priorités laissent une partie du financement de la recherche entre les mains  de nos partenaires au développement ; de sorte que nous avons. Conséquence ; nous avons des programmes pertinents de recherche ; mais pour les financer ; il faut se tourner vers les partenaires au développement. . Et tant qu’il sera ainsi nous aurons du mal à nous développer. Donc sorte qu’il faut inverser cette tendance.  Il faut que ce soit nos états qui mettent d’abord des fonds sur nos programmes de recherche et que les partenaires au développement viennent nous soutenir. Parce que le mode de financement actuel fait que notre recherche fonctionne par projet. On a un projet sur un domaine il est on  financé après il est expiré ; on réfléchi à un autre. Ce qu’il nous ce sont des programmes de recherche pluriannuelles découpés en séquences.

On assiste de plus en plus à des pillages des connaissances qui sont découvertes ou transcrites par les chercheurs ; surtout dans le domaine de la pharmacopée. Quel est votre avis…

Très tot les pays francophone dans le cadre de l’Ocam avait réfléchi à cette question. Déjà en en 1967 ; l’ocam avait élaboré un programme sur la pharmacopée traditionnelle.cela  a pris une ampleur telle au plan mondial qu’on parle de biopyraterie. Parce que  qu’il y a des gens qui viennent qui parcourent la pays ; parfois ils financent un étudiant en thèse et vont prendre les résultats. ensuite ; ils font un brevet pour protéger les résultats de la recherche.et l’exploite à l’essentiel industriel. Le premier pays à réagir à ce problème de manière significative ; c’est l’Afrique du sud ou ils ont vécu un phénomène similaire. Des chercheurs occidentaux sont passés dans un village ; ils y ont trouvé une plante qui avait des effets pharmaceutiques ; ils l’ont breveté et exploité avec  des retombés colossales. par la suite l’Afrique du Sud a mis en place une commission pour étudier  cette question et se retourner contre les auteurs de cette pyraterie.ils ont négocié et obtenu un minimum de retombées pour le village. Au point qu’ aujourd’hui en Afrique il est totalement interdit pour un étranger d’utiliser la pharmacopée locale sans passer par cette commission.

Les effets de la biopyraterie sont encore plus néfastes qu’en Amérique latine . il a  été dit que le pillage est tellement que l’on se demande s’il ne rapporte pas plus que la drogue. Mais malheureusement la communauté internationale tarde à réagir.

Au Sénégal on a tenté de faire la jonction entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle. Pour les amener à coopérer ensemble. A ce propos ; il faut saluer le rôle de pionnier que le Pr  Dumas a joué au niveau de l’hôpital Fann dans le cadre du traitement de la maladie mentale. On rapproche la ; nous au niveau de l’académie on a un programme avec l’académie nationale d’Inde sur l’organisation de l’exploitation de ces connaissances locales.

Faites nous l’historique de l’ugb

Lorsque nous avons ouvert l’Université Gaston Berger de St Louis les textes portaient le nom de de l’Université de St Louis. Mais je dois rappeler que la pose de la première pierre de l’université de St louis a été effectuée par le Président Léopold Sédar Senghor en 1974. Et son discours été intutilé discours de la pose de la première pierre de l’Université  Gaston berger de St Louis. Donc ; Senghor l’avait déjà dit dés 1974. Mais pour donner le nom a une unité d’enseignement supérieur ; il faut une délibération de l’assemblée de l’université. Ce qui n’était pas le cas jusqu’en 1997. C’est en 1997 que nous avons sollicité le président Abdou Diouf pour venir inaugurer l’Université après sept ans. donc nous avons profité des 90 ans du président pour  officiellement l’Université au nom de Gaston Berger en guise de contribution  à l’anniversaire. Ce que abdou diouf a accepté. Et mieux ; il a profité d’un voyage en France pour rencontrer le fils de Gaston Berger qui est Maurice BéJart.il a tout fait pour etre a l’inauguration.

Quel regard porte l’ancien recteur de l’Ugb sur la crise de l’enseignement supérieur ?

 La cohérence qu’il faut corriger c’est de mettre la recherche agricole et agro-alimentaire ensemble. Je n’ai jamais compris pourquoi, la plus grosse recherche de notre pays , l’isra dépend du ministère de l’agriculture et que la recherche agro-alimentaire faite par l’Ita dépende du ministère du Commerce et de l’industrie. Il faut organiser la synergie de toutes les institutions qui font de la recherche. La question est là et elle n’a jamais été posée.

Pour quelqu’un qui a suivi l’évolution de l’enseignement au Sénégal, ce n’est pas une surprise ; parce que déjà en 1981, il y a eu une crise profonde. Et lorsqu’Abdou Diouf est venu au pouvoir sa première décision a été la convocation des états généraux de l’éducation et de la formation. Parce que l’année d’avant, le Conseil économique et social avait fait une étude sur cette crise profonde. J’étais moi-même le rapporteur de cette étude. Abdou Diouf a lu ce document et s’est dit que pour débloquer cette situation, il faut convoquer les états généraux de l’éducation et de la formation.

Cette crise était prévisible. Nous avons connu une période d’ajustement structurelle. Et pendant ce temps on a continué à investir sur les ordres d’enseignement inférieur, notamment le primaire et le moyen secondaire. Aux yeux des bailleurs de fonds l’enseignement supérieur était un luxe. Moi lorsque je dirigeai l’Université  Gaston  Berger de St Louis, ils continuer à dire qu’une deuxième université est un luxe que le Sénégal ne peut pas se payer et nos partenaires français pensaient la même chose. Heureusement, il y a la ferme volonté du président Abdou Diouf d’aller jusqu’au bout. Donc avec les effets de ces investissements colossaux en amont, le nombre de bacheliers a augmenté de façon exponentielle, tandis que les infrastructures d’accueil au niveau supérieur n’ont pas bougé. On a confondu accès au supérieur et admission a l’université. Parce que l’université était la seule structure d’accueil capable de recevoir un nombre significatif de bacheliers. Donc, il n’y avait pas encore de diversification.  Face à cet afflux de nouveaux bacheliers, l’université de Dakar a été vite débordée. D’autant plus que la vocation de l’université Gaston Berger n’était pas de désengorger Dakar sinon elle serait beaucoup plus vite engorgée que Dakar.

La deuxième chose c’est que des efforts ont été faits avec la création de nouvelles universités. Mais, une nouvelle université ne peut pas naitre comme une génération spontanée. Tout cela a besoin d’être préparé. L’équipe qui a été chargée d’ouvrir l’université de St Louis a eu prés de dix mois de travail.  Mais maintenant, c’est une fois que l’université est ouverte qu’on cherche des locaux, qu’on écrive des programmes etc. il se trouve avec l’ouverture des nouvelles universités, le recrutement d’enseignants n’a pas suivi face a l’afflux massif d’étudiant. La réduction du taux d’encadrement est devenue phénoménale. Il y a aussi la réforme Lmd qui est encore plus exigeante en matière d’encadrement des étudiants. A coté de cela, il y a des problèmes d’ordre matériel qui se posent comme le paiement des bourses.

Que pensez-vous des contrats de performances ?

Je ne suis pas opposé au contrat de performance. Ils permettent d’engager les acteurs dans la même direction et de faire face aux impératifs de résultats. Dans le contexte actuel, je suis sceptique sur les modalités de réalisation. Le président de la république a initié une concertation nationale sur l’enseignement supérieur dont le Comité de pilotage est dirigé par le Pr Souleymane Bachir Diagne avec à ses cotés les différents responsables des universités pour faire le diagnostic et soumettre des orientations.

Mais attendant qui est ce qui va se passer. Le nombre de bacheliers continuent d’augmenter. Donc, il serait bon de regarder la réalité en face. Avec l’expérience qu’on a connu des universités de Ziguinchor, Thiés et Bambey, on ne peut créer l’université du Sine Saloum dans les memes conditions. J’ai bien peur que l’université du Sine Saloum n’accueille des bacheliers en octobre prochain. L’université de la banlieue ou Dakar II, c’est différent. Parce que là, il y a une démarche différente.

Quelle sont les erreurs à éviter dans la création de quatrième génération celles du Sine Saloum et de Dakar II ?

Pour les universités qui n’ont pas ouverts et dont les recteurs viennent d’être nommés, j’ai bien peur que cela soit la même démarche que celles qui fonctionnent. Le fait de ne pas disposer de temps de préparation risque de poser des difficultés. Quand j’ai été nommé à St louis j’avais demandé au président de donner mandat par décret à l’assemblée de l’université de fixer chaque année le nombre d’étudiants à acceuillir.la première année on ouvert avec six cent étudiants. C’est après que cela été modifié. C’était un jeu qu’il fallait joué. Et nous avons été gagnants. Mais, il y a aussi le projet pédagogique. Nous avions imposé que tous étudiants fassent anglais et de l’informatique la première année. Parce que déjà en 1990, nous considérions que ce sont les langages du XXI siècle. Maintenant quand je rencontre mes étudiants , ils disent que j’ai été un visionnaire. On avait aussi un accord avec l’université de Dakar pour qu’il nous donne des enseignants qui venaient assurer des enseignements sans dégarnir l’Ucad, mais ceux qui voulaient venir pouvaient le faire. Nous avons ouvert le recrutement à tous africains qui avaient le niveau. C’est ainsi qu’ à l’Université Gaston Berger, vous trouvez toutes les nationalités. Et ils ont le même statut. C’est pour dire que l’ouverture d’une université ne pas etre improvisée. Après St le changement va venir avec la deuxième université de Dakar. Parce que la deuxième université de Dakar, la démarche  a été différente. Les travaux ont démarré. Elle est financé en partie par la Banque mondiale  et elle a demandé que le directeur du projet qui s’appelle coordonnateur-recteur a été nommé. Il va suivre toutes les étapes du projet. Et on laisse le temps de définir les structures de formation ou bien envoyer des enseignants en formation. Au moins les travaux des infrastructures vont durer deux à trois ans.  C’est un temps qu’il faut mettre à profit pour bien se préparer. La nouvelle génération ce sera celle de Dakar II. En attendant ; il faut gérer les nouveaux bacheliers dans un contexte très difficiles avec la mesure de Wade qui consiste à accorder la bourse à tous les étudiants. Dans ce cas, les étudiants sont en droit de demander un certificat d’inscription ne serait-ce pour toucher une allocation de bourse.

Propos recueillis par Mamadou SARR

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire