mardi 23 avril 2013

INTERDICTION DE SORTIE DU TERRITOIR DES LIBERAUX & ARRET CEDEAO


INTERDICTION DE VOYAGE  DES  LIBERAUX

Rappelé à l’ordre, le Sénégal rectifie le tir

La Cour de justice de la Cedeao a  fait un sévère rappel à l’ordre à l’Etat du Sénégal au sujet de la mesure d’interdiction de voyager qui frappe les dignitaires libéraux poursuivis dans le cadre de la procédure des biens mal acquis. Pour se confirmer à la justice internationale, l’Etat y a mis les formes.

En droit la forme compte aussi bien que le fond. Et, cela le gouvernement du Sénégal qui poursuit d’anciens dignitaires libéraux pour enrichissement illicite l’a appris à ses dépens. La Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest qui se trouve à Abuja, au Nigéria, dans son arrêt rendu le vendredi 22 février, s’est prononcé dans le sens du respect des procédures dans le cadre des enquêtes que mènent la Cour d’enrichissement illicite (Crei). «L’interdiction de sortie du territoire national est illégale  parce que ne reposant sur aucune base   juridique. L’Etat du Sénégal a violé le droit de présomption d’innocence. (…). La Cour ordonne à l’Etat du Sénégal  le respect scrupuleux des instruments  internationaux  et de ses lois internes  dans la limite des limites du respect des droits de ses citoyens », ont écrit les  juges de la Cedeao. Dans leur décision, la juridiction sous-régionale, comme pour couper la poire en deux, a dit, par ailleurs,  à Karim Wade et consorts qui avaient porté plainte contre l’Etat du Sénégal que : « (…). Le privilège de juridiction  et l’immunité de juridiction  ne peuvent être invoqués  à l’étape de procédure de simple enquête préliminaire. (…) ».

En moins de vingt quatre heures, les libéraux sont passés par toutes les émotions. Après avoir crié très tôt à la victoire, ils ont vite déchantés, dès le lendemain, après que le gouvernement qui a été pris au dépourvu a tenté de réagir. D’abord c’est l’agent  judiciaire de l’Etat qui monte au créneau dés le lendemain. Aicha Gassama Tall y est allé de son interprétation. «C’est la forme procédurale  qui a été sanctionnée et non la mesure. La Cour de justice de la Cedeao  n’est pas favorable aux requérants. Cette décision ne s’oppose pas à leurs auditions », avoue-t-elle.  Elle refuse de voir dans la mesure un quelconque motif de jubiler pour les libéraux. «La Cour n’a pas du tout remis en cause le principe d’interdiction de sortie du territoire. La Cour  a dit tout simplement que la mesure telle qu’elle a été pratiquée  à l’encontre des requérants  n’avait pas de base légale », précise-t-il.

« Il n’y a aucun camouflet »

Selon certaines sources, cette décision de la Cedeao a mis dans tous ses états, le président de la République, Macky Sall. Une réunion de crise a été organisée, un peu tard, ce dimanche au palais,  après le retour de Malabo du chef de l’Etat qui a pris au sommet Amérique latine -Afrique. Entre temps, le Procureur spécial de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), Alioune Ndao a vite fait de rectifier le tir en envoyant des notification écrite en bonne et due forme à l’ancien ministre des affaires étrangères, Me Madické Niang et à l’ex- ministre de l’Energie et non moins conseiller financier de Wade, Samuel Sarr. Celles de Karim Wade, Abdoulaye Baldé, Oumar Sarr, Me Ousmane Ngom, ne vont pas tarder.

Mais la réplique du gouvernement ne serait pas complète sans l’entrée en scène de la ministre de la Justice, garde des sceaux, Aminata Touré. « Nous sommes satisfaits de la décision de la Cour de justice de la Cedeao », déclare inébranlable, Mme Touré. Selon elle, l’arrêt des juges d’Abuja entre en droite ligne de cette vaste mouvance africaine à lutter contre la corruption sous toutes ses formes.  Ceux qui espérer voir le gouvernement s’amender  pour une erreur commise dans la procédure d’interdiction de voyager hors des frontières sénégalaises à l’encontre des anciens dignitaires du régime déchu de Abdoulaye Wade n’ont qu’à circuler. «Il n’y a pas de camouflet », assure la ministre de la Justice, Aminata Touré. Elle se réjouit qu’aujourd’hui, cet  arrêt de la Cedeao a permis de clarifier définitivement le débat sur la légalité de la Cour de répression de l’enrichissement illicite. «Rappelez-vous : les concernés disaient qu’ils ne sont pas justiciables devant la Crei. On va les envoyer une notification en bonne et due forme et ils auront l’occasion de s’expliquer devant la Crei ou toute autre juridiction s’ils n’ont rien à se reprocher », fait-elle remarquer.

Respect du droit

Ce n’est pas l’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao qui va freiner la volonté du gouvernement d’aller jusqu’au bout de sa logique dans la traque des biens mal acquis.  Loin sans faux. La ministre de la Justice  ne perd jamais l’occasion de réaffirmer que l’Etat ira jusqu’au bout dans la traque des biens mal acquis. «Je réaffirme la volonté du gouvernement d’aller  jusqu’au bout , mais dans le respect du droit.  C’est ce qui fait la différence entre nous et ceux qu’ils (les libéraux Ndlr) faisaient avant. Ils prenaient les gens et les jettent en prison.  Chez nous, le respect du droit s’accompagne d’une volonté d’aller jusqu’au bout ». Voilà ce qui est clair. Mais, il faudrait plus que des mots pour traduire cette volonté en réalité. Car, au rythme où vont les enquêtes et les batailles de procédures, la traque des biens mal acquis qui est l’une des priorités du régime risque de prendre un temps fou.

Mamadou SARR

 

 

 

 

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