INTERVIEW
Qui est Hamadou Lamine NDIAYE ?
Le professeur Hamadou Lamine
NDIAYE est un citoyen Sénégalais originaire d’une ile qui fait actuellement
l’actualité, puisqu’il s’agit de l’Ile de Doune Baba Dieye dont je suis
originaire et j’ai passé mon enfance dans cet Ile et puis ensuite au moment de
la scolarisation, j’ai été envoyé à Saint Louis prés de parents pour mes études
primaires. J’ouvre ici une petite parenthèse que je raconte toujours avec
fierté pour dire que à l’école Victor Du Val j'ai eu feu Kéba MBAYE comme
maitre au CME et je faisais parti non je ne faisait pas parti j’étais celui qui
l’avait sélectionné pour amener les cahiers chez lui par ce qu’il venait de
Kaolack, il avait loué un lieu d’habitation et c’est moi qui portait les
cahiers labà, Alors, pour viens vous montrer l’évolution de la mentalité dans
nos sociétés. Un jour Kéba est sorti à la télévision et nous étions entrain de
diner en famille ; et j’ai dit à mes enfants Ha voici mon maître et m’a la
CM1, c’est moi qui portais les cahiers, c’est moi qui balayais sa chambre et
mon dernier fils a sauter pour me dire Papa tu es fier parce que tu a balayé la
chambre de quelqu’un (rire). Alors je lui es dit tu ne peux pas comprendre
parce que toi tu balayeras jamais la chambre de quelqu’un par ce que pour faire
ça il faut être humble et il faut être un excellent élève alors je ferme la
parenthèse.
Ensuite après le baccalauréat
j’ai été sélectionné parmi les boursiers qui devaient poursuivre en France. Et
j’ai été inscrit en année préparatoire à l’entrée aux écoles nationales
françaises. J’ai eu la chance de réussir au premier coup à ce concours d’entrée.
Et j’ai fait ma scolarité à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Lion de 1958-1962.
Après quoi j’ai fait en 1963 une de spécialisation à l’Institut Agronomique de
Paris et parallèlement à l’Institut d’Elevage de médecine vétérinaire des Pays
Tropicaux. J’ai terminé cette année de spécialisation en même temps que j’ai
soutenu ma thèse le tout en fin Aout et vers la
mis Septembre je recevais mon premier poste d’affectation au centre de
Recherche Zoo-Technique de Darra, ou je suis réstais jusqu’en 1967. Année ou
l’ouverture de l’enseignement vétérinaire africain a été décidé. Et j’ai
postulé et j’ai été recruté et envoyé en France pour préparer le concours de
maître-assistant et puis ensuite le concours d’agrégation à cheval entre Dakar
et la France.
J’ai vu que vous
avez une agrégation
J’ai eu
l’agrégation en Juin 1974 ensuite j’ai été nommé Directeur de l’Ecole
Vétérinaire de Dakar en 1976
Ce sont les Etas
qui vous ont nommé ?
C’est le conseil
des ministres qui m’a nommé là aussi je pourrai vous raconter une anecdote qui
témoigne de mes relations avec SENGHOR .il m a beaucoup aide et lorsque j’ai réussi
à l agrégation je suis allé le
remercier parce qu’ il avait décidé que je parte avec toute ma
famille pour tranquille, il m a demande qu’
est que je peux faire pour vous ; je lui ais demandé de m aidé sur deux
choses ; j’ ai très peu séjourner au Sénégal et je voudrais que vous
m’aidiez a acquérir une maison ; deuxièmement et c’est le plus
important ; je voudrais que vous m’aidiez pour qu’on ne nomme rapidement
pas directeur de l’Ecole vétérinaire de Dakar. Parce que je suis un
scientifique ; je souhaite monter une équipe de recherche et continuer mes travaux.
Il a bondit de sa chaise et m’a dit cela
me fait plaisir. Cela me rappelle lorsque j’ai réussi mon agrégation et qu’on a
voulu me nommer inspecteur pour toute l’Aof et moi-même j’avais refusé en
disant que je voulais exercer mon métier d’abord.
J’ai fait vingt
et un ans à l’Ecole vétérinaire de Dakar. De 1967 a 1988. Cette même année Abdou Diouf m’a appelé
pour faire de moi son conseiller personnel jusqu’en1990. Et lorsque la décision
a été prise de créer l’université ; il m’a nomme recteur de l’université
de St Louis ; en janvier 1990 sans même me demander mon avis. Une semaine
après ; il a nommé l’équipe qui devait m’accompagner ; composée de
quatre directeurs d’Ufr et du secrétaire général. Nous avons travaillé à la
préparation de l’ouverture de l’université de St Louis ; de janvier à
octobre. Presque un an alors que nous héritions d’un site ou existait déjà
des infrastructures ; puisque la
première de l’université de st louis a été posé en 1974 par Senghor en présence
Maryen Gouaby qui était en visite ici. Mais l’idée était de transférer une
partie de la faculté des lettres et sciences humaines de l’université de Dakar
à St Louis. Cela n’a pu se faire pour plusieurs raisons et les bâtiments ont
été abandonnés jusqu’en 1990 . il fallait terminer les bâtiments alors
qu’on ouvrait avec quatre Ufr. Don il y avait un embryon de site pédagogique et
un embryon de site social. Il fallait piloter tout cela ainsi des programmes
pédagogiques des étudiants qu’on allait accueillir. Je suis resté jusqu’en 1999
et le président Diouf m’a nommé ; ministre conseiller spécial. Je suis
resté à ce poste jusqu’en alternance de 2000 et je me suis mis à la disposition
de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar dont je faisait partie du personnel
avant ma retraite en 2005.mais qui encore plus actif que lorsqu’il était aux responsabilités .
Auparavant, en
1999 ; on a créé l’Académie nationale des sciences et dés le départ j’ai
été nommé à la section des sciences agricoles ; l’une des trois sections
qui existaient à l’époque. C’est en janvier 2011 ; que j’ai été nommé
président de l’Académie après la disparition de notre président fondateur, le
Pr Souleymane Niang.une semaine après mon élection à l’académie nationale des
sciences j’ai été élu, président de l’académie mie africaines des sciences.
Devenant ainsi le troisième président de cette académie créée en 1985.
Quelles est l’historique ?
Ce sont un
certain nombre de collègues ; membres d’académies à l’étranger qui ont
pris l »initiative de créer une académie. Il y ‘ avait ; le Pr
Iba Mar Diop, le recteur Souleymane Niang, Pr René Ndoye et moi-même qui venait
d’être admis à l’académie africaine des sciences et membre de l’académie des
sciences du tiers monde. Et pour élargir
la base , on a demandé à nos collègues lauréats du grand prix du chef de l’Etat
d’être membres. Ensuite on a associé des collègues qui étaient, directeurs
d’institution de recherche comme les doyens de certaines facultés. C’est ce
noyau qui a élaboré les statuts avec le soutien du ministre de la recherche
d’alors qui était Balla Moussa Daffé.
Que fait l’Académie nationale des sciences ?
La mission de cette
académie ; c’est de contribuer au développement d’une culture scientifique
dans notre société avec toutes implications que cela impose. L’académie
réfléchit également à l »élaboration d’une politique de recherche et la
divulgation des résultats et à leur exploitation. L’académie cherche impliquer
davantage les jeunes et les femmes. Tout ceci, nous le faisons en servant de
conseiller aux pouvoirs publics, au secteur privé et à la société civile. Donc
se sont pour résumer des hommes de sciences qui ont eu à exercer des
responsabilités dans ce secteur, mais qui ont eu à faire également leur preuve
dans leur domaine respectif qui ont décidé de mettre tout leur savoir,
bénévolement au service de la recherche pour aider le pays à se
développer.
L’organisation
du grand prix du président de la république pour les sciences est notre
activité phare. Mais nous avons d’autres activités à travers notre programme
d’activité et le partenariat que nous voulons mener. Nous avons fait faire une
étude dans le domaine de la recherche qui se faisait au Sénégal. Cette étude a
montré que la recherche était cloisonnée. Il y a les recherches qui sont menées
par dans les facultés et instituts, celles qui sont menées par les partenaires,
mais il y a pas de coopération et de synergie entre ses différentes activités
de recherche. Nous fédérer toute cette
recherche. Dans la mesure ou nous voulons nous inspirer du modèle français ou
l’académie n’a pas de laboratoires contrairement dans les pays soviétique ou
l’académie est plus importante même que le ministère de la recherche. C’est le
cas de la chine et de la Russie ou les
académies ont des universités, des centres de recherche etc.
Nous décidé
aussi à l’issue de notre assemblée générale tenue en janvier 2012 de
restructurer notre activité. Car jusqu’ ici nous avons mené nos activités en organisant des conférences
sur des thèmes d’actualité. Désormais nous coopérer avec les structures de
recherche sur des thématiques qui touchent les préoccupations comme les
inondations ; l’enseignement des sciences.
Ensuite dans le
cadre de cette nécessaire coopération et dialogue entre les structures de
recherche, nous avons avec l’ancien
ministre Amadou Tidiane Ba créée un cadre de concertation sur la recherche
agrosylvopastorale. Ce cadre existe depuis l’année dernière. Il est composé de
onze institutions de recherche et
d’universités travaillant le secteur agricole.
Lors de la première année d’existence, nous avons identifié les ressources
humaines qui existent , les programmes en cours pour voir comment organiser ces
synergies. Ensuite, nous nous sommes
rendus compte qu’il fallait communiquer plus et mieux. On veut sensibiliser sur
la spécificité de la communication sur la recherche scientifique. Nous retenu
cette année de faire bénéficier au réseau de journalistes en sciences d’un cour
de formation ; ensuite a nous allons former les jeunes chercheurs aux
techniques de rédaction de projets en vue d’obtenir des financements.
Quel est le bilan de l’académie nationale des sciences
après une décennie d’existence ?
Nous avons fait
avancer la science par l’organisation et la définition d’une politique
nationale de recherche. Ce qui est réconfortant ;
c’est nous conseillons les pouvoirs publics. L’ancien premier ministre nous
avait demandé lors d’une audience de réfléchir sur la récupération des terres
salées. Les recommandations sont là mais elles ne sont pas exploitées. Il y a
aussi une réflexion sur la politique agricole. En un mot nous sommes une sorte
de thing think qui mettons en œuvre
une réflexion et dont la mise en œuvre
appartient au gouvernement.
A votre avis pourquoi les résultats de la recherche
ne sont pas valorisés ?
Le président Wade était même très
remonté contre l’Isra parce qu’il nétait informer du travail colossal qu’il
était entrain de réaliser. Les résultats obtenus n’étaient pas divulgués ;
notamment qui ont été mis au point au point et qui ont et qui ont permis de
passer les années de sécheresse.et il
fallu qu’il aille à l’isra lors d’une journée portes ouvertes pour ne plus
tarir d’éloges sur lui. L’ Ita également fait de grandes recherches puisque
qu’il a été reconnu comme une unité opérationnelle de l’université des Nations
Unies. Et ces unités il y a que cinq sur le continent ; au Sénégal sur la
technologie alimentaire ; en Cote d’ivoire sur les problèmes
agricoles ; au Cameroun sur l’utilisation des nouvelles
technologies ; en Zambie sur les ressources minières et en Namibie sur les
ressources maritimes. Donc ; le potentiel de recherche est là. C’est
reconnu ; mais nous n’arrivons pas à faire le le lien entre la recherche et les acteurs de
développement ; notamment le secteur privé. Dans le cadre de la réflexion
que nous menons sur la recherche scientifique et technique ; nous allons
aborder cette question. Parce qu’il y a des cadres sénégalais de haut qui se
sont constitués en association des amis de l’académie et qui est présidé par
l’ancien ministre Ousmane Seck ; ancien ministre de l’Economie et ancien
directeur de la Banque islamique de développement. Ces cadres là ont décidé de
se mobiliser pour le développement d’une recherche plus pertinente et mieux
financée. Cette association travaille
avec nous sur ces questions là. Mais si cela a pu se faire c’est que l’académie
a joué le rôle d’aiguillon. L’académie va réfléchir encore au moment de
l’élaboration comment les résultats seront utilisés par les potentiels
utilisateurs. Et pour se faire il faut que les chercheurs travaillent davantage
avec ceux qui sont susceptibles d’utiliser les résultats de la recherche.il
faut un maillon entre la recherche et les utilisateurs. Actuellement l’ita joue
bien ce rôle ; il fait des recherches et les valorise ; mais ce n’est
pas du tout sa vocation. C’et le privé qui doit le faire. Il faut que le privé
accepte de s’investir et de prendre des risques en matière de recherche. L’académie
s’y emploie progressivement même si c’est difficile de faire bouger les choses
dans ce domaine là.
Quels sont les rapports que l’académie entretien mis la mais à la
patte ; qui ont fait de la recherche avec les universités ?
Si vous regardez bien la plupart
des membres de l’académie viennent de l’université ou des instituts de recherche.
Mais ce qui les différencie ; c’est qu’ a l’académie on trouve beaucoup de
gens qui ont fait de la recherche et qui veulent mieux
encadrer les jeunes maintenant. Tout cela ; est dans le bénévolat ;
pour l’amour de leur métier. La preuve ; moi-même je continuer d’encadrer
des thèses à l’école vétérinaire à la surprise générale de mes collègues qui me
demande de décrocher. Mais comme nous l’a recommandé un jour Amadou Mactar Mbow
lors d’un atelier qu’ils nous avait
animer à l’académie ; il faut éviter la mort intellectuelle. C’estpire que
la mort physique.
On dit souvent que la recherche n’est pas
bien financée au Sénégal. Quand est-il réellement ?
Ceux qui le disent ; on en
grande partie raison parce qu’elle est couteuse. Et ensuite les résultats ne
sont pas immédiats. Ce qui fait que les pouvoirs publics qui sont à beaucoup
une de priorités laissent une partie du financement de la recherche entre les
mains de nos partenaires au
développement ; de sorte que nous avons. Conséquence ; nous avons des
programmes pertinents de recherche ; mais pour les financer ; il faut
se tourner vers les partenaires au développement. . Et tant qu’il sera ainsi
nous aurons du mal à nous développer. Donc sorte qu’il faut inverser cette
tendance. Il faut que ce soit nos états
qui mettent d’abord des fonds sur nos programmes de recherche et que les
partenaires au développement viennent nous soutenir. Parce que le mode de
financement actuel fait que notre recherche fonctionne par projet. On a un
projet sur un domaine il est on financé
après il est expiré ; on réfléchi à un autre. Ce qu’il nous ce sont des
programmes de recherche pluriannuelles découpés en séquences.
On assiste de plus en plus à des pillages des connaissances qui sont
découvertes ou transcrites par les chercheurs ; surtout dans le domaine de
la pharmacopée. Quel est votre avis…
Très tot les pays francophone dans
le cadre de l’Ocam avait réfléchi à cette question. Déjà en en 1967 ;
l’ocam avait élaboré un programme sur la pharmacopée traditionnelle.cela a pris une ampleur telle au plan mondial qu’on
parle de biopyraterie. Parce que qu’il y
a des gens qui viennent qui parcourent la pays ; parfois ils financent un
étudiant en thèse et vont prendre les résultats. ensuite ; ils font un
brevet pour protéger les résultats de la recherche.et l’exploite à l’essentiel
industriel. Le premier pays à réagir à ce problème de manière
significative ; c’est l’Afrique du sud ou ils ont vécu un phénomène
similaire. Des chercheurs occidentaux sont passés dans un village ; ils y
ont trouvé une plante qui avait des effets pharmaceutiques ; ils l’ont breveté
et exploité avec des retombés colossales.
par la suite l’Afrique du Sud a mis en place une commission pour étudier cette question et se retourner contre les
auteurs de cette pyraterie.ils ont négocié et obtenu un minimum de retombées
pour le village. Au point qu’ aujourd’hui en Afrique il est totalement interdit
pour un étranger d’utiliser la pharmacopée locale sans passer par cette
commission.
Les effets de la biopyraterie
sont encore plus néfastes qu’en Amérique latine . il a été dit que le pillage est tellement que l’on
se demande s’il ne rapporte pas plus que la drogue. Mais malheureusement la
communauté internationale tarde à réagir.
Au Sénégal on a tenté de faire la
jonction entre la médecine moderne et la médecine traditionnelle. Pour les
amener à coopérer ensemble. A ce propos ; il faut saluer le rôle de
pionnier que le Pr Dumas a joué au
niveau de l’hôpital Fann dans le cadre du traitement de la maladie mentale. On
rapproche la ; nous au niveau de l’académie on a un programme avec
l’académie nationale d’Inde sur l’organisation de l’exploitation de ces
connaissances locales.
Faites nous l’historique de l’ugb
Lorsque nous avons ouvert
l’Université Gaston Berger de St Louis les textes portaient le nom de de
l’Université de St Louis. Mais je dois rappeler que la pose de la première
pierre de l’université de St louis a été effectuée par le Président Léopold
Sédar Senghor en 1974. Et son discours été intutilé discours de la pose de la
première pierre de l’Université Gaston
berger de St Louis. Donc ; Senghor l’avait déjà dit dés 1974. Mais pour
donner le nom a une unité d’enseignement supérieur ; il faut une
délibération de l’assemblée de l’université. Ce qui n’était pas le cas jusqu’en
1997. C’est en 1997 que nous avons sollicité le président Abdou Diouf pour
venir inaugurer l’Université après sept ans. donc nous avons profité des 90 ans
du président pour officiellement
l’Université au nom de Gaston Berger en guise de contribution à l’anniversaire. Ce que abdou diouf a
accepté. Et mieux ; il a profité d’un voyage en France pour rencontrer le
fils de Gaston Berger qui est Maurice BéJart.il a tout fait pour etre a
l’inauguration.
Quel regard porte l’ancien recteur de l’Ugb sur la crise de
l’enseignement supérieur ?
La cohérence qu’il faut corriger c’est de
mettre la recherche agricole et agro-alimentaire ensemble. Je n’ai jamais
compris pourquoi, la plus grosse recherche de notre pays , l’isra dépend du
ministère de l’agriculture et que la recherche agro-alimentaire faite par l’Ita
dépende du ministère du Commerce et de l’industrie. Il faut organiser la
synergie de toutes les institutions qui font de la recherche. La question est
là et elle n’a jamais été posée.
Pour quelqu’un qui a suivi
l’évolution de l’enseignement au Sénégal, ce n’est pas une surprise ;
parce que déjà en 1981, il y a eu une crise profonde. Et lorsqu’Abdou Diouf est
venu au pouvoir sa première décision a été la convocation des états généraux de
l’éducation et de la formation. Parce que l’année d’avant, le Conseil
économique et social avait fait une étude sur cette crise profonde. J’étais
moi-même le rapporteur de cette étude. Abdou Diouf a lu ce document et s’est
dit que pour débloquer cette situation, il faut convoquer les états généraux de
l’éducation et de la formation.
Cette crise était prévisible.
Nous avons connu une période d’ajustement structurelle. Et pendant ce temps on
a continué à investir sur les ordres d’enseignement inférieur, notamment le
primaire et le moyen secondaire. Aux yeux des bailleurs de fonds l’enseignement
supérieur était un luxe. Moi lorsque je dirigeai l’Université Gaston
Berger de St Louis, ils continuer à dire qu’une deuxième université est
un luxe que le Sénégal ne peut pas se payer et nos partenaires français
pensaient la même chose. Heureusement, il y a la ferme volonté du président
Abdou Diouf d’aller jusqu’au bout. Donc avec les effets de ces investissements
colossaux en amont, le nombre de bacheliers a augmenté de façon exponentielle,
tandis que les infrastructures d’accueil au niveau supérieur n’ont pas bougé.
On a confondu accès au supérieur et admission a l’université. Parce que
l’université était la seule structure d’accueil capable de recevoir un nombre
significatif de bacheliers. Donc, il n’y avait pas encore de diversification. Face à cet afflux de nouveaux bacheliers,
l’université de Dakar a été vite débordée. D’autant plus que la vocation de
l’université Gaston Berger n’était pas de désengorger Dakar sinon elle serait
beaucoup plus vite engorgée que Dakar.
La deuxième chose c’est que des
efforts ont été faits avec la création de nouvelles universités. Mais, une
nouvelle université ne peut pas naitre comme une génération spontanée. Tout
cela a besoin d’être préparé. L’équipe qui a été chargée d’ouvrir l’université
de St Louis a eu prés de dix mois de travail.
Mais maintenant, c’est une fois que l’université est ouverte qu’on
cherche des locaux, qu’on écrive des programmes etc. il se trouve avec
l’ouverture des nouvelles universités, le recrutement d’enseignants n’a pas
suivi face a l’afflux massif d’étudiant. La réduction du taux d’encadrement est
devenue phénoménale. Il y a aussi la réforme Lmd qui est encore plus exigeante
en matière d’encadrement des étudiants. A coté de cela, il y a des problèmes
d’ordre matériel qui se posent comme le paiement des bourses.
Que pensez-vous des contrats de performances ?
Je ne suis pas opposé au contrat
de performance. Ils permettent d’engager les acteurs dans la même direction et
de faire face aux impératifs de résultats. Dans le contexte actuel, je suis
sceptique sur les modalités de réalisation. Le président de la république a
initié une concertation nationale sur l’enseignement supérieur dont le Comité
de pilotage est dirigé par le Pr Souleymane Bachir Diagne avec à ses cotés les
différents responsables des universités pour faire le diagnostic et soumettre
des orientations.
Mais attendant qui est ce qui va
se passer. Le nombre de bacheliers continuent d’augmenter. Donc, il serait bon
de regarder la réalité en face. Avec l’expérience qu’on a connu des universités
de Ziguinchor, Thiés et Bambey, on ne peut créer l’université du Sine Saloum
dans les memes conditions. J’ai bien peur que l’université du Sine Saloum
n’accueille des bacheliers en octobre prochain. L’université de la banlieue ou
Dakar II, c’est différent. Parce que là, il y a une démarche différente.
Quelle sont les erreurs à éviter dans la création de quatrième
génération celles du Sine Saloum et de Dakar II ?
Pour les universités qui n’ont
pas ouverts et dont les recteurs viennent d’être nommés, j’ai bien peur que
cela soit la même démarche que celles qui fonctionnent. Le fait de ne pas
disposer de temps de préparation risque de poser des difficultés. Quand j’ai
été nommé à St louis j’avais demandé au président de donner mandat par décret à
l’assemblée de l’université de fixer chaque année le nombre d’étudiants à
acceuillir.la première année on ouvert avec six cent étudiants. C’est après que
cela été modifié. C’était un jeu qu’il fallait joué. Et nous avons été gagnants.
Mais, il y a aussi le projet pédagogique. Nous avions imposé que tous étudiants
fassent anglais et de l’informatique la première année. Parce que déjà en 1990,
nous considérions que ce sont les langages du XXI siècle. Maintenant quand je
rencontre mes étudiants , ils disent que j’ai été un visionnaire. On avait
aussi un accord avec l’université de Dakar pour qu’il nous donne des
enseignants qui venaient assurer des enseignements sans dégarnir l’Ucad, mais
ceux qui voulaient venir pouvaient le faire. Nous avons ouvert le recrutement à
tous africains qui avaient le niveau. C’est ainsi qu’ à l’Université Gaston
Berger, vous trouvez toutes les nationalités. Et ils ont le même statut. C’est
pour dire que l’ouverture d’une université ne pas etre improvisée. Après St le
changement va venir avec la deuxième université de Dakar. Parce que la deuxième
université de Dakar, la démarche a été
différente. Les travaux ont démarré. Elle est financé en partie par la Banque
mondiale et elle a demandé que le
directeur du projet qui s’appelle coordonnateur-recteur a été nommé. Il va
suivre toutes les étapes du projet. Et on laisse le temps de définir les
structures de formation ou bien envoyer des enseignants en formation. Au moins
les travaux des infrastructures vont durer deux à trois ans. C’est un temps qu’il faut mettre à profit
pour bien se préparer. La nouvelle génération ce sera celle de Dakar II. En
attendant ; il faut gérer les nouveaux bacheliers dans un contexte très
difficiles avec la mesure de Wade qui consiste à accorder la bourse à tous les étudiants.
Dans ce cas, les étudiants sont en droit de demander un certificat
d’inscription ne serait-ce pour toucher une allocation de bourse.
Propos recueillis par Mamadou SARR